La saison de la pêche à la carpe s’achève au Québec en ce mois de janvier, l’hiver prend tranquillement place, les rivières et les lacs vont bientôt être recouverts d’une épaisse couche de glace, le matériel est remisé et je pense déjà à la prochaine saison.
Quelques pêcheurs tenteront de pêcher la carpe sur la glace durant l’hiver. Le métabolisme et le mécanisme de prise alimentaire de la carpe sont fortement influencés par la température de l’eau et l’environnement aquatique ambiant. La carpe est un animal poïkilotherme (ou à sang froid), c’est à dire que sa température corporelle varie avec celle du milieu où elle vit. Lors de conditions hivernales extrêmes, elle peut tomber dans un état proche de l’hibernation jusqu’au retour de conditions plus favorables. C’est pourquoi personnellement, je pense que cette période est plutôt réservée pour laisser les carpes se reposer et «hiberner». La période hivernale est l’occasion de faire le point sur la saison passée, entretenir ou renouveler l’équipement et se préparer pour l’année suivante.
J’ai écrit un certain nombre d’articles et discuté de beaucoup de choses sur la pêche sportive de la carpe. Avec l’internet on trouve énormément d’informations sur le sujet, que ce soit dans les forums, les blogs et les sites web spécialisés, tant pour les néophytes que pour les pêcheurs les plus expérimentés. Plongé dans mes réflexions, je me demandais quoi faire de plus et je me suis dit qu’il serait pertinent de faire le point sur l’histoire de la pêche à la carpe au Québec.
De l’époque de la «carpe allemande ou carpe à cochon» à celle de la carpe commune ou, du poisson poubelle au poisson de pêche sportive
Lorsque j’ai recommencé à pêcher la carpe dans nos eaux québécoises au début des années 2000, le premier constat fut que ce poisson était méconnu. Trouver du matériel adapté dans les boutiques de pêche locales était également tout un défi, un seul mot, inexistant. Compte tenu que le règlement de pêche au Québec restreint l’utilisation à une seule canne, j’avais opté pour une stratégie de pêche à roder (les anglais appellent ça «carp stalking») avec un équipement léger, une canne de 10 pieds pour le saumon et un moulinet de taille 4500. Les pêcheurs locaux me regardaient lancer du blé d’inde à l’eau, capturer des «Carpes allemandes», «Carpes à cochons» pour certains et les remettre à l’eau, on me considérait comme un marginal. J’expliquais que ce poisson était en fait une carpe commune et un formidable poisson de pêche sportive. À cette époque, les pêcheurs locaux qui capturaient accidentellement ce poisson l’envoyaient directement à la poubelle ou l’utilisaient comme appât pour la chasse à l’ours ou comme nourriture à cochons, un poisson pas mangeable ! Au Québec, ce poisson n’était tout simplement pas considéré et mis au rebut, c’était l’époque du «poisson poubelle».
Par manque d’intérêt pour ce poisson au Québec, il est difficile de trouver de l’information sur les origines de son introduction en Amérique du Nord. En 1842, une lettre du capitaine Henry Robinson de New York mentionne qu’il a rapporté de France 6 ou 7 douzaines de carpe en 1831 et 1832 qu’il a élevé dans son étang privé près du village de Newburgh, N.Y. Il dit de plus, avoir libéré dans la rivière Hudson des carpes élevées dans son étang. Il est toutefois difficile de savoir si ces poissons étaient bien de l’espèce Cyprinus Carpio.
En 1870, une diminution des stocks de poissons indigènes en Amérique du Nord force les États-Unis à faire l’importation de carpes communes et miroirs en provenance d’Allemagne. Pendant 20 ans les États-Unis ont fait l’élevage et le stockage actif de la carpe pour la consommation domestique. En 1897, l’importation et le stockage a été interrompu car la carpe était bien établie. Durant ces années d’exploitation, des poissons ont été libérés et se sont retrouvés naturellement dans les rivières de l’Amérique du Nord. C’est pour cette raison sans doute qu’au Québec, les pêcheurs locaux surnomment ce poisson «Carpe allemande».
Au Québec, la limite Est de sa présence dans nos eaux est la rivière Ouelle, en aval de Québec, où elle a été signalée en 1960, cependant certains affirment que la carpe était déjà connue dans le bassin du Saint-Laurent en 1910.
Des années 1900 au début des années 2000, personne au Québec ne pêchait la carpe et les captures étaient généralement accidentelles. Il n’y avait guère que quelques rares Européens qui osaient traverser l’océan pour venir pêcher la carpe au Canada et autant dire qu’ils passaient presque inaperçus. C’est le cas d’un pêcheur Hollandais, Bob Van Den Meiracker, que j’ai rencontré à plusieurs reprises au bord du fleuve Saint-Laurent, il fait le voyage et pratique cette pêche à chaque année au Canada depuis plus de 25 ans maintenant.
En 2006, par le biais des tournois virtuels de Québec Pêche, j’ai rencontré au bord de l’eau Carl Saucier (alias IndyK), un Québécois «pure laine» que j’ai initié à la pêche moderne de la carpe et que je considère comme étant le premier «carpiste» québécois de l’histoire. Carl est vite devenu accro et fou passionné de cette pêche. Durant cette même période, comme beaucoup de personnes nous demandaient des conseils et souhaitaient essayer cette pêche particulière, Carl Saucier, Duke Nguyen et moi-même avons lancé le site web et le premier forum de discussion québécois spécialisé sur la pêche sportive de la Carpe, connu sous l’appellation Carpe Québec, la communauté carpiste québécoise.
L’année 2006 a marqué le début des activités en lien avec la pêche sportive de la carpe au Québec telles que de nombreuses sorties d’initiation et tournois, ainsi que par l’apparition au grand jour de cette nouvelle catégorie de pêcheurs, ceux qu’on nomme communément les carpistes. En mai 2009, nous avons organisé « le Challenge Jeunes Carpistes » durant lequel nous avons fait découvrir cette pêche à des jeunes de 5 à 15 ans.
En juin 2012, la Pourvoirie du Lac Saint-Pierre organisait le premier Enduro de pêche sportive de la carpe au Québec sous la forme d’un tournoi ou plusieurs équipes de 2 pêcheurs s’affrontaient 24h sur 24h durant 3 jours et 2 nuits pour capturer la plus grosse quantité de poissons. Quelques pêcheurs québécois, dont Carl Saucier, se sont joints à ce qu’on peut appeler la «sélection équipe canadienne» pour participer au CANAM, un tournoi organisé par le CAG (Carp Angler Group) qui oppose les États-Unis et le Canada. Le CANAM est d’ailleurs toujours organisé chaque année depuis. D’autres passionnés ont également lancé des initiatives permettant aux pêcheurs québécois de découvrir la pêche spécialisée de la carpe. En 2012, Richard Chamberlain et Justin Taus organisaient des tournois Wild Carp Club – Chapitre Québec. Charles Giguère contribue et partage l’expérience dans ce domaine également avec l’association des Pêcheurs Urbains de Montréal.
Nous pouvons donc compter sur l’enthousiasme de plusieurs carpistes québécois, je pense à Carl Saucier, Mélanie Courtemanche, Daniel Bradford, Martin Lavigne, Vali Pavaloaia, Richard Chamberlain, Justin Taus, Charles Giguère et quelques autres pour transmettre cette passion à la génération future et faire évoluer le monde de la pêche sportive de la carpe au Québec et en Amérique du Nord. Nous pouvons parler de la Communauté Carpiste Québécoise, des pêcheurs locaux initiés depuis peu à la pêche sportive de la carpe. Cette approche et philosophie de pêche est toute nouvelle au Québec quand on pense qu’il y a quelques années à peine, ce poisson peu connu n’était jamais pêché spécifiquement. Peu à peu c’est en train de changer… On peut compter sur une communauté de plus d’une centaine de pêcheurs intéressés par la carpe. Il y a un noyau d’une vingtaine de carpistes “confirmés”. Chaque année de nouveaux pêcheurs sont initiés, les premières captures et combats suffisent à leur donner la piqûre.
Aujourd’hui dès le début du mois d’avril, vous pouvez apercevoir le long des berges du Fleuve Saint-Laurent et de certaines rivières comme la Yamaska, la Richelieu, quelques pêcheurs équipés de longues cannes de 12 pieds, de gros moulinets, utilisant des détecteurs de touche électroniques et appâtant la carpe au blé d’inde, nos carpistes Québécois.
Avec le temps la pêche sportive de la carpe sera de plus en plus répandue au Québec et probablement que la réglementation évoluera, notamment avec la possibilité de pêcher à deux cannes. C’est ainsi qu’est apparue et se perpétue la pêche de la carpe au Québec. Je pense qu’il était important de rappeler ce rapide historique afin que chacun puisse expliquer l’origine de la pêche sportive de la carpe au Québec.
À lire aussi:
L’équipement requis pour pêcher la carpe au Québec
Bonjour,
Je viens de lire votre article et je voudrais apporter une petit plus. Quand j’étais petite donc dans les années 70 (début ahah), mon père m’amenait avec lui dans les marais des îles de Sorel pêcher la carpe. À l’époque c’était une leçon de courage car il fallait se tenir debout les jambes écartées pour être solide afin de ne pas tomber quand la carpe nous arriverait dessus. Avec un bâton à la main nous étions sensé l’assommer! Chose que nous n’avons jamais fait car mon père nous disait que ce n’était pas bon à manger et le plaisir était de chasser ce poisson monstre les yeux dans les yeux. Par contre je sais qu’à l’époque cette pêche existait pour le vrai dans ces eaux des Iles de Sorel.
Mon père, probablement par erreur, nous disait que c’était les allemands qui les avaient apporter en guise de cadeaux.
Merci de nous partager cette expérience Louise! Très apprécié et intéressant!
Merci pour l’introduction de mes affairs au Quebec.
Les photos ici ne sont pas deux carpes, mais seulement une, avec deux côtes different!
Un côte carpe mirroir, l’autre côte commune…je crois c’est beaucoup plus rare qu’un carpe mirroir!
Je me suis enfui les pecheurs sans fantasie en Europe, mais malheureusement maintenant les pêcheurs Quebecois copy, sans fantasie, les Brits!
Jamais j’ai pris 1 seule belle carpe avec boillettes, c’est possible, mais c’est comme gagner le Lotto.
quelle date pouvons nous commencer a pecher la carp auz quebec svp