Lorsqu’il est question de poisson de fond, on pense d’abord au majestueux fjord du Saguenay ainsi qu’à ses nombreux villages de pêche blanche. C’est d’ailleurs sous ce vent glacial que je capturai mon premier poisson rouge aux yeux exorbités, le sébaste.
Ceux qui pratiquent la pêche en eau salée pourront le relater : la pêche aux poissons de fond sur le fleuve St-Laurent est une véritable pêche « sac à surprise ». Comme un enfant intrigué par le mystère du sac, le pêcheur est fébrile devant l’inconnu suspendu au bout de son hameçon. Les prises sont très diversifiées : sébaste, morue franche, ogac, raie épineuse, flétan du Groenland, lycode atlantique, etc.
Principales espèces
Le sébaste affectionne les profondeurs de 150 à 300 pieds. Cependant, il n’est pas rare de le capturer plus profondément, ou encore lorsqu’il chasse entre 75 et 150 pieds. Ce poisson peut errer autant au-dessus du fond marin qu’en suspension dans la colonne d’eau.
La ligne latérale du sébaste est très développée, ce qui lui permet de ressentir les moindres vibrations dans l’eau. Ce poisson est vulnérable aux remontées rapides. C’est fréquent d’apercevoir sa vessie natatoire saillir de sa gueule lorsqu’il atteint la surface. La remise à l’eau de ce poisson est à proscrire, car les chances de survie sont excessivement faibles. Heureusement, sa chair est excellente!
L’ogac, appelée à tort « morue de roche » ou « pillow » siège dans la même famille que la morue franche. Toutefois, l’ogac est davantage côtière que sa proche cousine. Sa zone de confort se situe entre 25 et 100 pieds. Elle est également sensible aux remontées expéditives dans la colonne d’eau, puisque le transfert de gaz entre son organisme et le milieu aquatique est plutôt lent, comparativement à la morue franche. Les possibilités de survie de l’ogac sont supérieures lorsqu’elle est hissée lentement jusqu’en surface.
Selon la littérature, on rencontre la morue franche, ou « morue de fond », à plus de 300 pieds sous le niveau de la mer. Néanmoins, selon mon expérience, il est usuel de capturer ce spécimen dans aussi peu que 50 pieds d’eau, où réside également l’ogac. Sa ligne latérale blanche proéminente la différencie très bien de cette dernière.
L’équipement utilisé
Le kayak est l’embarcation que j’emploie principalement pour la pêche aux poissons de fond. Bien que de nombreuses compagnies réalisent des kayaks de pêche excellents, j’utilise le kayak de mer ‘Baffin’ de la compagnie ‘Boréal Design’.
Puisque cette embarcation n’est pas conçue pour demeurer stable lorsqu’immobile, j’ai confectionné des stabilisateurs. Ceux-ci accentuent considérablement mon équilibre, que le fleuve soit calme ou houleux.
J’emploie essentiellement une canne courte (36 pouces), rigide et d’action moyenne-rapide pour la pêche aux poissons de fond. Je me situe plus près de mes prises, facilitant ainsi les remises à l’eau. La rigidité de la canne rehausse l’efficacité de mon ferrage, puisque le scion de la canne ne plie que légèrement. Idéale pour la pêche à la dandinette, cette canne devient inexploitable au lancer.
L’usage d’un moulinet ayant des « bearings » scellés est vivement recommandé lors de pêches en eau salée. Dans le cas contraire, il est important de le rincer à l’eau chaude après chaque utilisation.
Puisque nos proies résident à des profondeurs importantes, l’utilisation d’un fil de nylon (monofilament), qui s’étire jusqu’à 30% de sa longueur, ne serait nullement efficace lors du ferrage. Conséquemment, j’utilise du fil tressé/fusionné d’une résistance de 30 à 50lbs. La subtilité de la présentation ne constitue pas un aspect capital pour ce type de pêche.
Il ne faut également pas lésiner sur la résistance des émerillons. Un émerillon qui flanche, avant que les hameçons du leurre ne s’évasent, augmentera le coût de votre pêche.
Mon secret afin d’éviter de perdre des leurres : le maillon le plus faible du montage doit être les hameçons du trépied. Donc, au lieu de perdre mon attirail, je n’ai qu’à redresser la courbure de l’hameçon!
Leurre et appât
Mon leurre est très simple : un poisson plombé (de 2-3 onces) comprenant un trépied. Celui-ci est agrémenté d’un morceau de maquereau bleu (un pouce par un pouce). Toutefois, ce poisson pélagique n’est pas l’appât le plus résistant, car sa chair est plutôt tendre. C’est néanmoins un appât gratuit et accessible. Il se positionne mieux sur le trépied lorsqu’il est mi-gelé.
Techniques de pêche
La principale technique utilisée pour traquer les poissons de fond est la pêche à la dandinette (jig). Tout en étant immobile, on laisse descendre le leurre en profondeur sous l’embarcation. Lorsque celui-ci atteint le fond marin, je mouline un (1) tour, afin d’éviter que les mollusques et autres organismes ne s’y collent.
Par la suite, je réalise 2-3 mouvements verticaux (de haut en bas). De légères saccades lors du déplacement de la canne vers le haut permettent d’imiter les ondulations naturelles de la nage d’un poisson. On doit contrôler la vitesse du déplacement vers le bas, afin de maintenir un contact constant avec le leurre. Finalement, je prends une pause d’environ 5 secondes en maintenant ma canne basse, puis je recommence.
Il est primordial de rectifier la profondeur constamment afin d’être près du fond rocheux. Les ‘attaques’ sont parfois très subtiles. Si vous ressentez quelque chose d’anormal sur votre ligne, ferrez!
Pour une meilleure préservation de la ressource, il est important de mouliner tranquillement afin de laisser l’opportunité au poisson de décompresser. De plus, si vous consommez vos poissons, n’oubliez pas de les saigner en coupant la gorge de ceux-ci.
N.B. : Le poids de votre poisson plombé (ou de votre tête de jig) découlera directement de la force du courant et de la vitesse du vent. Je m’explique. Votre leurre doit être le plus verticalement possible sous l’embarcation afin de bien ressentir les moindres touches. Si votre présentation est en diagonale, due à un courant trop puissant, il est préférable d’accroître la pesanteur de votre offrande. Le vent déplacera constamment votre embarcation, alors que le courant aura un impact autant sur votre kayak que sur votre leurre.
Endroits de pêche
Lorsque la réglementation ne nous permet pas de nous éloigner de la zone côtière, nous recherchons des endroits rocheux où les profondeurs chutent drastiquement. Les fosses importantes près des côtes sont habituellement d’excellents endroits de pêche. Les pointes de roche se dirigeant vers une zone abyssale se distinguent également. Il va sans dire que l’on doit éviter les anses ainsi que les secteurs peu profonds. La proximité des courbes de niveau des cartes bathymétriques est un indicateur d’une chute rapide vers les profondeurs.
Marées et vent
Puisque les marées charrient une grande variété de poisson-appât, les marées actives (mi-montante et mi-descendante) sont à prioriser.
Afin d’avoir des informations sur la vitesse et le sens du vent, les rafales et la hauteur des vagues, le site Web (http://fr.windfinder.com/) peut être d’une grande utilité.
Soyez prudent, et bonne pêche!
Dave Dubé
Pour visionner une sortie sur le fleuve en kayak :
Super article Dave!
Article et vidéo très intéressants. Ton stabilisateur m’intrigue. Comment a-t-il été fabriqué?
Merci pour cet article et la vidéo.
Comme un lecteur précédent j’aimerais savoir comment vous avez fabriqué vos stabilisateurs. Je viens de m’acheter un kayak de pêche. Merci